Les communautés rurales sont confrontées à de nombreux défis liés à l’accès à l’eau pour des utilisations potables et productives. Les habitants des zones rurales, en particulier les jeunes femmes et les filles, consacrent beaucoup de temps productif à la recherche d’eau. Dans certains cas, les communautés rurales collectent de l’eau potable auprès de sources non protégées et insalubres. La situation a été exacerbée par la fréquence et l’ampleur des sécheresses agricoles en augmentation au Zimbabwe. Il est toutefois inquiétant de constater que certaines des communautés rurales ont du mal à avoir accès à l’eau alors que leurs nappes phréatiques sont presque pleines ou débordent. Il devient donc nécessaire de donner aux jeunes ruraux les connaissances et les informations qu’ils peuvent utiliser pour faire pression et plaider en faveur d’une répartition équitable de l’eau dans les bassins versants dotés de barrages ou de lacs.
Près de deux décennies après l’indépendance du Zimbabwe en 1980, le gouvernement du Zimbabwe a adopté deux lois pour guider la réforme du secteur de l’eau. Ces deux lois sont notamment la loi sur l’eau (chapitre 20:24) et la loi sur l’Autorité Zimbabwéenne de l’Eau (ZINWA) (chapitre 20:25). La loi sur l’eau fournit des directives pour la mise en valeur et l’utilisation des ressources en eau, tandis que la loi sur la ZINWA prévoit la création d’une autorité nationale de l’eau et de ses fonctions. Essentiellement, deux facteurs ont amené ces deux lois à entrer en vigueur. Le premier est la pression mondiale croissante pour la nécessité de gérer efficacement et durablement les précieuses ressources en eau, vulnérables et rares. Le second facteur est le manque de flexibilité de la législation pour permettre aux autres utilisateurs d’eau candidats à l’utilisation des droits sur l’eau d’avoir accès à l’eau. En effet, l’eau disponible avait déjà été allouée à d’autres utilisateurs, notamment des agriculteurs à des fins commerciales, principalement parce que la loi de 1976 sur l’eau était axée sur la protection des intérêts des agriculteurs commerçants représentant moins de 1% de la population du Zimbabwe. Par conséquent, la réforme du secteur de l’eau visait à atteindre trois grands principes, à savoir l’équité dans l’allocation des ressources en eau, l’efficacité et la durabilité dans l’utilisation des ressources en eau.
À cet égard, la loi sur l’eau (chapitre 20:24) prévoyait la participation des parties prenantes, car elle était considérée comme un élément essentiel à l’atteinte de l’équité dans l’allocation de l’eau. La loi prévoyait également la création de conseils de captage pour une zone d’un réseau hydrographique. La mise en place de Conseils de Captage a entraîné une décentralisation de la délivrance de permis d’exploitation d’eau par le Tribunal Administratif de Harare. Cette évolution est bienvenue car elle facilite l’accès et la possibilité pour les communautés de participer à la gestion des ressources en eau dans leurs bassins hydrographiques.
Cependant, la réalité sur le terrain est que la participation des parties prenantes, en particulier des communautés rurales, à la gestion de l’eau est très limitée, malgré la présence de structures et d’organisations de soutien adéquates. L’Autorité Zimbabwéenne de l’Eau (ZINWA) et les Conseils de Captage considèrent les parties prenantes comme les détenteurs de permis payants, négligeant ainsi une partie prenante essentielle, les communautés rurales, dans les bassins versants et les sous-bassins. Il n’y a donc qu’une représentation limitée et aucune représentation de ces communautés rurales dans les conseils de captage et de sous captage. Cela prive largement les communautés rurales du droit à une répartition équitable des ressources en eau disponibles à des fins d’utilisation primaire et productive. Le paragraphe 23 (1) de la loi sur l’eau (chapitre 20:24) stipule que les permis d’eau doivent être délivrés aux personnes disposant de terres appropriées pour l’irrigation et des moyens financiers pour des installations d’irrigation.
En conséquence, l’attribution de permis relatifs aux ressources en eau est toujours liée à la propriété foncière, privant et limitant ainsi l’accès des communautés rurales à l’eau car elles ne possèdent pas de terres.
La loi de 2013 portant amendement à la Constitution du Zimbabwe (n ° 20), qui prévoit le droit à l’eau et à la nourriture en vertu du chapitre 4, article 77, lue conjointement avec les dispositions de la loi sur l’eau (chapitre 20:24) sur la participation des parties prenantes à la gestion des ressources et l’équité dans l’affectation des ressources en eau disponibles dans un bassin versant ou un sous-bassin, sont un développement bienvenu pour les communautés rurales de ces bassins. Ces dispositions donnent aux communautés rurales de ces bassins, la possibilité de s’organiser et d’organiser leurs communautés, si elles sont habilitées par des dispositions législatives, à faire pression et à plaider en faveur de la mise en place de programmes communautaires capables de demander des permis d’exploitation d’eau non liés à la propriété et de négocier pour l’irrigation et autres. Les utilisations productives qu’ils jugent viables reposent principalement sur le principe d’allocation de l’équité dans les ressources en eau. En outre, une réforme législative visant à supprimer ces obstacles à l’attribution de permis d’utilisation de l’eau aux communautés rurales pourrait également être lancée. Il va sans dire que les communautés rurales habilitées peuvent mettre en place des structures qui évaluent et rapportent en permanence les pratiques de gestion des ressources en eau mises en place dans leurs communautés afin de responsabiliser les citoyens vis-à-vis de la gestion des rares ressources en eau potable disponibles.