Siyabonga Mokoena est un animateur radiophonique de 21 ans qui travaille pour la Fondation de la radio pour les enfants (FRE). Il fait partie de la demi-douzaine de jeunes reporters africain.e.s qui ont participé au sommet sur le climat COP27 en Égypte pour produire une série de podcasts sur le changement climatique qui seront diffusés sur 15 stations de radio du continent.
Avant de participer à la conférence, monsieur Mokoena travaillait d’arrache-pied pour enregistrer les histoires de personnes dont la vie a été affectée par les mines de charbon à ciel ouvert et les centrales électriques situées à eMalahleni, dans le nord-est de l’Afrique du Sud.
Il explique : « Nous voulions apporter nos propres histoires à la COP et ensuite faire circuler ce que nous avons appris de la COP dans nos propres communautés. »
Lors de la COP27, les groupes climatiques ont fait pression pour que l’on mette davantage l’accent sur le soutien financier aux pays africains qui subissent déjà les effets du changement climatique. Des reporters comme monsieur Mokoena ont participé à la conférence dans l’espoir de documenter ces efforts.
Rebecca Mbaama est une autre jeune reporter de FRE. Elle déclare : « Nous avons beaucoup de conférences, mais quels sont les résultats? En fin de compte, c’est nous qui souffrons, [mais] grâce à la radio, nous pouvons écouter et comprendre comment trouver des solutions. »
Depuis 2006, la Fondation de la radio pour les enfants a formé plus de 5 000 jeunes reporters dans dix pays africains et a touché environ neuf millions d’auditeurs et auditrices par le biais d’émissions couvrant un large éventail de sujets, notamment la santé publique, l’éducation et l’emploi.
Lorsque l’organisation a envoyé de jeunes reporters de Zambie, de RDC et d’Afrique du Sud pour assister aux sessions de la COP27 et interviewer des experts, elle espérait créer un podcast de trois épisodes en anglais et en français.
Dhashen Moodley est un producteur du FRE qui a accompagné les reporters en Égypte. Il déclare : « Les jeunes ne méritent pas seulement un siège à la table, ils ont également gagné le droit d’être entendus. Nos jeunes reporters nous disent qu’ils [les jeunes] veulent être impliqués dans les décisions, demander des comptes aux dirigeants et en rendre compte à leur public dans leur pays. »
Monsieur Mokoena, le reporter d’Afrique du Sud, était ravi que la « transition juste » – la protection des droits et des moyens de subsistance des travailleur.euse.s dans le cadre de la transition vers une production durable – figure à l’ordre du jour de la COP, car cette question a un impact direct sur sa famille.
Il explique : « Mon père est mineur de charbon depuis 21 ans, depuis que je suis en vie, et maintenant je l’interroge sur la durabilité de son travail en tant que soutien de notre famille. »
Lors du sommet sur le climat COP26 l’année dernière, les nations riches se sont engagées à verser 8,5 milliards de dollars pour aider l’Afrique du Sud à réduire ses émissions et à accélérer le passage au charbon, dont le pays dépend pour la majeure partie de son électricité.
Avant la COP27, monsieur Mokoena a donc interrogé des mineurs dont les emplois pourraient être menacés à mesure que le pays s’oriente vers des énergies plus propres. Il dit : « Mon père est vraiment inquiet. »
Mais, ajoute-t-il, sa mère et de nombreux membres de sa communauté souffrent des conséquences sanitaires de la vie si proche des usines de charbon, notamment de l’asthme, de l’eczéma et des problèmes de sinus.
Une haute cour sud-africaine a déclaré en mars 2022 que la mauvaise qualité de l’air causée par les centrales à charbon était responsable de plus de 10 000 décès prématurés dans le pays chaque année, et qu’elle violait les droits des personnes à la santé et au bien-être.
Monsieur Mokoena ajoute : « J’ai hâte de raconter nos histoires à la COP et de trouver des solutions vers lesquelles d’autres gouvernements s’orientent dans leurs propres transitions justes. »
Cette année, les jeunes militants du changement climatique ont également fait pression pour se faire entendre lors de la COP27, où 60 jeunes nouvellement formés issus de 27 pays ont agi en tant que « négociateur.trice.s climatiques » à part entière.
Joyce Tshivuadi, 19 ans, est une journaliste de Kinshasa. Elle déclare : « Nous sommes directement touchés par le changement climatique et nous avons toute la vie devant nous – nous sommes la voix de ce continent. »
Fin septembre 2022, un groupe de jeunes militants a lancé le projet des Caravanes africaines pour le climat, qui s’est rendu dans 28 pays africains en mobilisant 170 organisations locales et des milliers de sympathisants pour réclamer la justice climatique avant et pendant la COP27.
Madame Mbaama explique : « Il y a longtemps, le changement climatique n’était pas vraiment un sujet dont nous parlions. Mais aujourd’hui, nous avons vu les sécheresses, les inondations, la déforestation, et nous avons ressenti les températures élevées. Maintenant, nous savons que le seul moyen de sauver l’humanité est d’en parler, afin que des mesures soient prises. »
Les épisodes du podcast de la COP27 ne sont pas encore publiés. Cependant, vous pouvez écouter les épisodes créés à la suite de la COP26 ici (en anglais uniquement) : https://childrensradiofoundation.org/stories/?fwp_topics=climate-change
Pour en savoir plus sur la Caravane du Climat, rendez-vous sur : https://www.oxfam.org/en/take-action/campaigns/africa-climate-caravans#:~:text=Africa%20Climate%20Caravans,the%20rest%20of%20the%20world (en anglais uniquement)
Cette histoire est adaptée d’un article écrit par Kim Harrisberg et publié par Reuters, intitulé « Les jeunes reporters apportent les voix de la COP27 aux radios africaines ». Pour lire l’intégralité de l’article, rendez-vous sur : https://www.reuters.com/business/cop/young-reporters-bring-voices-cop27-africas-radios-2022-11-10/ (en anglais uniquement)
Photo : Une jeune reporter sourit à la caméra, un enregistreur à la main, tandis que des membres de sa communauté se rassemblent derrière elle à Kinshasa, en République démocratique du Congo, le 28 juin 2016. Crédit : Rowan Pybus/Handout via la Fondation Thomson Reuters.