Patricia Kasoki est une radiodiffuseuse dynamique et proactive de Radio communautaire et environnementale de Kanyabayonga (RCEKA-FM) en Nord Kivu, RDC, où elle travaille depuis deux ans. Madame Kasoki est curieuse de nature, et passionnée par son travail avec les communautés locales, et elle dit que c’est ça qui l’a motivée à embrasser le métier de radiodiffuseuse. C’est également une militante féministe autoproclamée qui, avant de commencer à réaliser elle-même des émissions, était souvent invitée par d’autres stations pour parler d’égalité de genre et promouvoir les droits des femmes rurales à l’antenne.
Maintenant, madame Kasoki anime sa propre émission intitulée Badilika (Le changement), qu’elle a créée pour permettre aux régions rurales de bénéficier de l’attention des médias qu’elles méritent à son avis. À ses dires, les auditeur.trice.s ont beaucoup de problèmes, y compris les conflits régionaux et les difficultés d’accès à la terre. Par conséquent, les agriculteur.trice.s utilisent la terre du parc protégé pour cultiver et qui, selon elle, est une zone contrôlée par des groupes armés. Dans le cadre de Badilika, madame Kasoki sensibilise son auditoire concernant les lois locales sur la propriété foncière, afin que les gens puissent influencer la politique et participer à la prise de décisions relatives à l’exploitation des terres.
Grâce à son émission, madame Kasoki soutient que plusieurs agriculteur.trice.s évitent de cultiver sur les aires protégées et demandent une réforme agraire en RDC. D’autres ont eu l’idée de se présenter aux prochaines élections locales, ou de faire élire des collègues.
Son émission parle également de l’accès des groupes marginalisés à la terre et aux ressources, ainsi que de la sécurité alimentaire à l’ère du changement climatique.
Pour réaliser l’émission, madame Kasoki interviewe des agriculteur.trice.s dans leurs champs afin de parler de leurs bonnes pratiques. De plus, elle utilise des micros-trottoirs, des tribunes téléphoniques et lit des SMS d’auditeur.trice.s à l’antenne. Ceux et celles qui n’ont pas de crédits pour appeler bipent durant les tribunes téléphoniques, et madame Kasoki les rappelle aux frais de la station. Elle invite aussi des spécialistes qui donnent des conseils techniques précis, et incorpore de la musique, des spots et des pièces théâtrales pour que la programmation reste intéressante.
En complément à l’émission, madame Kasoki a créé des groupes d’écoute locaux. Ces groupes sont formés de 30 personnes, dont des hommes, des femmes et des jeunes de différentes ethnies, qui se rencontrent chaque semaine pour discuter du sujet de l’émission et identifier des thèmes pour les émissions suivantes. Les groupes servent aussi d’associations d’épargne et de crédit villageoises, et de sources pour les micros-trottoirs.
Les auditeur.trice.s de Badilika disent à madame Kasoki qu’ils/elles aiment l’émission, et demandent que celle-ci dure plus que 30 minutes. L’auditoire félicite l’équipe de l’émission pour les sujets pertinents abordés à l’antenne, et soutient que les groupes d’écoute lui permettent de s’approprier l’émission.
Radio communautaire et environnementale de Kanyabayonga (RCEKA-FM) est partenaire de Radios Rurales Internationales depuis 2016. Aux dires de madame Kasoki, Radios Rurales Internationales est comme une école pour elle, et elle utilise les ressources de celle-ci pour réaliser chaque émission.
Le Collectif des Radios et Télévisions Communautaires du Nord-Kivu (CORACON) a célébré l’accomplissement de madame Kasoki dans le cadre de la Journée Mondiale de la Radio en lui remettant le prix.
Un reportage de Daniel Makasi, journaliste à Radio Tayna depuis Goma, est disponible ici (français uniquement).
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