Apprendre à connaître l’agriculture de conservation, et la communauté, à travers un projet radiophonique

Apprendre à connaître l’agriculture de conservation, et la communauté, à travers un projet radiophonique

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Éthiopie est un pays au paysage très diversifié, qui englobe de belles régions montagneuses et de vastes plaines. Bien que la Banque mondiale ait reconnu son économie comme une qui croît le plus rapidement dans le monde, ce pays mène plusieurs luttes sur pratiquement tous les fronts. Il est confronté à la même question de sécurité alimentaire comme plusieurs de ses voisins, à savoir : comment nourrir une population en forte croissance dans un contexte de changement climatique et d’infestation de nouveaux ravageurs, de pénurie ou d’excès d’eau et d’appauvrissement des sols.

Les agriculteurs et les agricultrices sont conscients que leurs terres produisent moins que les années, voire les décennies précédentes. Ils cultivent à la manière de leurs ancêtres, sans pour autant obtenir les mêmes résultats.

La formule consistant à laisser la terre en jachère pour permettre au sol de se reconstituer est bien connue. Cependant, dans la Corne de l’Afrique, cela est simplement impossible. Une ferme moyenne est si petite qu’il serait impossible pour les agriculteurs et les agricultrices de mettre une partie hors production même pendant une saison. Paradoxalement, ce travail continu de la terre est la raison principale de la baisse de leur production agricole. L’érosion du sol détériore leurs parcelles déjà petites et le coût des engrais augmente. Plusieurs pensaient que les herbicides, les pesticides et les systèmes d’irrigation coûteux, et un travail manuel éreintant constituaient la seule solution.

Dans ce contexte quelque peu morose, la Banque canadienne de grains a démarré en Éthiopie un projet sur l’agriculture de conservation, en collaboration avec Radios Rurales Internationales et Terepeza Development Association. Radios Rurales Internationales travaille avec trois stations de radio au sud de l’Éthiopie en vue d’encourager les paysans et les paysannes à pratiquer l’agriculture de conservation. Les émissions radiophoniques diffusent des interviews réalisées avec des spécialistes, ainsi que des agriculteurs et des agricultrices sur les pratiques liées à l’agriculture de conservation, offrant ainsi aux cultivateurs et aux cultivatrices les informations nécessaires pour tester ces pratiques dans leurs champs.

Dans beaucoup de communautés, les agriculteurs et les agricultrices écoutent les émissions ensemble dans des groupes d’écoute communautaires. À Chifisa, près d’une dizaine de paysans et de paysannes se réunissent chaque semaine pour écouter et examiner ce qu’ils entendent.

Matefie Meja est une mère célibataire de trois enfants qui cultive sur une terre d’un demi-hectare à Chifisa. Elle n’a pas les moyens d’acheter un bœuf pour labourer son champ, donc elle doit le faire elle-même. Cela prend beaucoup de temps, ce qui fait qu’elle a de la difficulté à effectuer aussi bien ses travaux champêtres que ses autres corvées. Mais lorsqu’elle a entendu parler d’agriculture de conservation, elle a découvert qu’il s’agissait d’une manière différente de cultiver qui lui mettrait moins de pression.

 

L’agriculture de conservation est une méthode agricole axée sur la protection du sol et de l’environnement en général pour une meilleure productivité. Les trois principes majeurs de l’agriculture de conservation sont la perturbation minimale du sol (travail réduit du sol ou semis direct), la couverture permanente du sol et la rotation des cultures ou la culture intercalaire. L’association de ces trois principes à d’autres bonnes pratiques agronomiques peut aider les sols épuisés à se reconstituer et produire plus. Pour madame Meja, l’agriculture de conservation signifie qu’elle n’aura plus à labourer.

Madame Meja cultive des citrouilles en association avec du maïs, et épand du compost sur son champ pour empêcher l’humidité de s’évaporer. Ses plantes poussent haut et sont productives.

L’émission radiophonique a transmis des informations qui l’ont motivée à tester ces nouvelles pratiques avec le soutien de la Terepeza Development Association. En outre, l’émission et le groupe d’écoute communautaire ont eu un impact secondaire important sur elle et les autres femmes de sa communauté.

Madame Meja explique : « Grâce au groupe d’écoute, les agricultrices célibataires de notre village se sont senties pour la première fois égales aux agriculteurs. Nous avons été impliquées dans la discussion sur l’amélioration de nos fermes et nous nous sommes senties écoutées. Ce groupe a apporté une unité au sein de notre village et même de l’amour. Il y a une rivalité amicale entre les agriculteurs et les agricultrices maintenant, à travers laquelle chacun tente de produire les meilleurs résultats. »

 

Cet article était publié sur Barza infos : http://wire.farmradio.fm/fr/spotlights/2018/12/apprendre-a-connaitre-lagriculture-de-conservation-et-la-communaute-a-travers-un-projet-radiophonique-john-klassen-18045

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