Burkina Faso : Des producteurs plantent des arbres pour protéger les cours d’eau de l’ensablement

Burkina Faso : Des producteurs plantent des arbres pour protéger les cours d’eau de l’ensablement

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Dans le village de Bendougou, situé à 20 kilomètres à l’ouest de Dédougou, au Burkina Faso, une centaine d’arbres fruitiers s’étendent sur 500 mètres le long du fleuve Mouhoun. Somwaoga François Zida est le propriétaire de ce verger. Ce matin, il coupe les branches des arbres que les forts vents ont cassés la veille lors des premières pluies. Son visage luisant reflète sa joie.

Il a planté les arbres pour éviter que la terre soit emportée dans le fleuve. Monsieur Zida affirme que, grâce à la sensibilisation de l’Agence de l’Eau du Mouhoun, il a remarqué que les labours de son champ contribuaient à l’ensablement du fleuve. Il déclare : « Les eaux des pluies emportaient la terre labourée dans le fleuve. J’ai alors planté des agrumes et d’autres espèces d’arbres épineux. »

Monsieur Zida ne laboure plus sa terre après avoir planté les arbres. Par conséquent, la terre reste ferme et est occupée par les arbres et les herbes. Le vent et les eaux de pluie ne transportent plus la terre dans le fleuve.

Les arbres plantés se trouvent à 40 à environ 100 mètres du bord de l’eau. Monsieur Zida a planté ses arbres en lignes parallèles au fleuve et de façon décalée pour ralentir le ruissellement des eaux de pluie. Les arbres sont espacés les uns les autres de près de 10 mètres, de même que les lignes. De plus il déclare : « Tout au long de la bordure de mon champ, j’ai planté des arbres épineux de l’Acacia nilotica qui servent de haie vive. »

D’un air soulagé, monsieur Zida explique : « L’Agence de l’Eau du Mouhoun nous a été d’une grande aide. Elle nous a alertés sur la situation du fleuve, fourni les plantes, et montré comment planter. »

Amadé Zongo estgéologue à la direction de l’eau et de l’environnement de l’Agence de l’Eau du Mouhoun. Il est préoccupé par les mauvaises pratiques agricoles qui causent l’ensablement du fleuve. Il déclare : « Je me demande si dans les années à venir, il y aura toujours de l’eau dans le fleuve. Juste après la saison des pluies, l’eau devient rare dans le fleuve en raison du sable. »

Monsieur Zongo pense que les pratiques agricoles aux abords du fleuve et dans le bassin versant sont à l’origine de l’ensablement et de la pollution des eaux. Il soutient qu’en utilisant des engrais dans leurs champs, les agriculteurs et les agricultrices favorisent involontairement le développement des plantes envahissantes dans les plans d’eau. De plus, les herbicides polluent les eaux souterraines et de surface. Il conseille aux producteurs et aux productrices, ainsi qu’aux riverains de planter des arbres près des cours d’eau pour éviter leur ensablement et leur pollution.

Le fleuve Mouhoun est le plus grand cours d’eau du Burkina Faso. Il mesure près de 1000 kilomètres de long, et son bassin mesure environ 96 096 km2. Mais l’ensablement du fleuve menace son écosystème et provoque des inondations pendant les crues. C’est pour cela que l’Agence de l’Eau du Mouhoun sensibilise les communautés à entretenir des tampons végétaux pour sauvegarder le cours d’eau.

Monsieur Zongo se réjouit que les mentalités des communautés changent. Il déclare : « Depuis que les agriculteurs comme monsieur Zida ont commencé à planter les arbres et cessé de remuer la terre [près du fleuve], les berges sont stabilisées et il n’y a plus d’ensablement du fleuve. » Monsieur Zida commence à jouir du fruit de son labeur. Cette année, ses manguiers, ses tangelos, ses anacardiers et quelques pieds de baobabs ont commencé à produire, et lui ont rapporté plus de 200 000 FCFA (329 $ US).

 

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Cette histoire était publiée dans Barza infos, le journal en ligne de Radios Rurales Internationales. Lisez plus d’histoire du monde rural, particulièrement sur les solutions fondées sur la nature. https://wire.farmradio.fm/fr/