Il suscite des émules et éveille les consciences au sein des ménages de la zone ouest du Burkina Faso, où les pièces théâtrales sont diffusées sur les ondes de certaines radios locales émettant dans les régions administratives des Hauts Bassins et Boucle du Mouhoun au Burkina Faso.
La technologie aidant, le divertissement est devenu un bien de consommation privilégié. Le théâtre radiophonique rentre dans ce sillage et donne l’occasion aux populations cibles de casser la routine et de se libérer du stress.
Par son décor très particulier, le théâtre radiophonique insère dans la réalité quotidienne des auditeurs et auditrices un univers imaginaire, canal excellent pour éduquer, véhiculer et pérenniser les valeurs culturelles, facilitant ainsi le développement relationnel, intellectuel, civique et social.
Cette stratégie de communication particulière a été adoptée et implémentée par Radios Rurales Internationales dans le cadre de son projet intitulé ‘Voix de Femmes à grande échelle’, conçu pour résoudre deux problèmes de développement majeurs dans quatre (04) pays d’Afrique de l’Ouest (Sénégal, Mali, Ghana et Burkina Faso).
Le premier problème concerne l’insécurité alimentaire dans les petites communautés agricoles, notamment chez les femmes, les filles et les jeunes. Le deuxième se rapporte à l’autonomisation des femmes en tant que leaders et responsables pour leur permettre de contribuer à la sécurité alimentaire en leur facilitant l’accès et le contrôle de services pertinents et abordables en matière de savoir, d’information et de communication, ainsi que dans les domaines de l’inégalité de genre et la promotion des droits des femmes et des filles au sein des communautés rurales.
Sa finalité se résume en la mise en place des systèmes agricoles inclusifs qui améliorent la sécurité alimentaire, la nutrition et le revenu des agriculteurs d’exploitations familiales et de leurs familles.
Deux séries théâtrales conçues et interprétées dans les langues locales sous la forme de courts épisodes captivants, abordent des thèmes aussi riches que variés et mettent en lumière diverses facettes des violences basées sur le genre, la dépendance économique de la femme et le mariage forcé, avec des scènes calquées sur les réalités locales.
À la fois divertissantes et éducatives, ces deux séries de douze épisodes d’une durée variant de 7 à 10 minutes, exposent des défis courants au sein de la communauté à l’instar de la sécurité foncière et ouvrent des discussions inclusives pour juguler ces défis.
En exemple, une scène impliquant le Président du Comité Villageois de Développement de Kabadéni, expose la marginalisation des femmes dans la gestion des stocks de récoltes malgré leur forte implication dans la production agricole. Une discussion ouverte avec les hommes et femmes du village permet au leader d’éduquer sur la nécessité d’impliquer les femmes, de les responsabiliser et de les valoriser afin de renforcer la cohésion familiale.
Les résultats déjà obtenus mettent en évidence le rôle du théâtre radiophonique dans la formation et la transformation positive des communautés. Quelques témoignages l’attestent:
Pour Ouedraogo Catherine, agricultrice du village Koho Gnabiro, ces théâtres radiophoniques portent la voix des femmes auprès des hommes en exprimant ce que les femmes ont souvent peur de dire. “Nous subissons beaucoup de violences dans nos foyers et grâce à ces émissions, nos maris entendent et comprennent qu’ils nous font vraiment du tort. Merci aux initiateurs de ces émissions”, explique t-elle.
Sangaré Oumou du village Yèrèssoro, 29 ans, mariée et mère de deux enfants, indique qu’avant, son mari ne la consultait pas sur la planification des activités agricoles et elle n’était pas non plus impliquée dans les prises de décisions, “mais aujourd’hui grâce aux émissions que nous écoutons ensemble, ces pratiques ont changé et cela nous a beaucoup aidées à réussir dans nos activités agricoles”, conclut t-elle.
Ces séries radiophoniques sont aussi devenus des rendez-vous prisés au sein des communauités cibles comme l’indique Pierre Tankuy du village Tiomboni: “Les vendredis nous sommes pressés qu’il soit 20h afin de voir ce que Mahadou (acteur principal de la série de pièces théatrales) va encore faire à Batogma (sa femme) et à ses enfants. ANW KA SENE YIRIWALI SIRA est notre émission préférée. On se distrait et on apprend en même temps sans s’ennuyer. L’émission finit sans qu’on ne s’en rende compte.”
Cette technique se positionne dès lors comme excellent moyen pour transformer l’homme et la femme pour qu’ils deviennent de véritables atouts pour le développement de leurs communautés.
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