Des agricultrices créent une coopérative pour éloigner la pauvreté

Des agricultrices créent une coopérative pour éloigner la pauvreté

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Elle s’appelle AFISE COOP-SA, Association des Filles de Séguélendom réunies au sein de la Coopérative Agro-pastorale. Cette initiative qui vise le bien être collectif des membres, est basée à Séguélendom, village situé à 307 km de Yaoundé dans l’arrondissement de Doumaintang, département du Haut Nyong dans la région de l’Est Cameroun. L’idée du regroupement nait d’un constat d’oisiveté dans la localité et une pratique agricole laborieuse mais peu rentable. Trois membres fondateurs se mettent donc ensemble en 2017 dans le village pour développer et concrétiser cette idée afin d’améliorer les conditions de vie des populations et booster le développement communautaire.

Le 16 Août 2019, la coopérative est légalisée et peut dès lors, se déployer plus officiellement par la création des champs communautaires et la constitution d’une épargne.

Les principales cultures pratiquées par les membres sont : diverses variétés de plantain, pistaches, le manioc et ses dérivés ainsi que le maïs. Elle a aussi mis en place un élevage porcin. Au cours des réunions trimestrielles dans le village, les activités sont évaluées, les besoins enregistrés et les nouveaux membres intégrés.

« De façon spécifique, nous voulons lutter contre l’exode rural en incitant le retour des fils et filles au village, inciter l’éveil de conscience par rapport au retard considérable accusé, créer une dynamique au sein du village autour des projets communs et accompagner véritablement les membres dans leurs projets, » déclare Madame Yvette Tsingang, Ingénieur du Génie Civil et Présidente du Conseil d’Administration d’AFISE COOP – SA.

Cette coopérative fonctionne actuellement sur fonds propres avec les cotisations des membres et des dons des bienfaiteurs. Elle a acquise une moto et un tricycle qui sont mis en location et les frais reversés dans sa trésorerie. La femme est priorisée pour une raison bien précise, telle qu’indique ici Mme Tsingang : « au Cameroun, la cellule familiale est davantage portée par la femme qui a la charge de nourrir la famille, veiller sur l’éducation des enfants et entretenir la maison. Face à tout cela, elle connaît beaucoup de frustrations, une situation encore plus grave pour la femme rurale qui éprouve beaucoup de difficultés en matière d’accès à la terre et participe rarement à la prise de décision sur l’utilisation du fruit de ses travaux champêtres ». Association des Filles de Séguélendom réunies au sein de la Coopérative Agro-pastorale vise l’autonomisation de la femme, l’encourager à donner le meilleur d’elle-même pour assurer la pérennité de la cellule familiale.

En trois ans d’existence, la coopérative a pu acquérir un champ de 30 hectares dont 10 sont déjà en exploitation et les 20 autres en cours de préparation. Dans la section en exploitation, 10 000 rejetons de banane plantain ont été mis en terre ainsi qu’un verger avec 200 plants d’avocats greffés.

Elle a étendu son action dans la localité de Mfou à 30 km de Yaoundé dans la région du Centre où elle a  acquise et mis en exploitation 6 hectares de terrain où l’on retrouve 6 000 pieds de banane plantain, 500 avocatiers  et environs 1000 pieds de piment. « Avant, nous cultivions de petites parcelles qui ne rapportaient presque rien, mais aujourd’hui, nous travaillons sur de vastes espaces grâce à cette coopérative qui apporte une autre vision de l’agriculture dans le village. L’avenir s’annonce radieux parce que j’ai fait 2 hectares de maïs et les plants se comportent très bien », témoigne Mme Djattoh Eliane, mère de trois enfants et membre fondateur de AFISE COOP-SA. En démontrant que la terre  ne trompe pas, cette coopérative suscite progressivement l’adhésion des jeunes du village Séguélendom.

AFISE COOP-SA ambitionne de développer un grand pôle de production et évoluer de la pratique agricole artisanale vers l’agriculture mécanisée pour alimenter les grands marchés. Elle entend aussi transformer les produits délicats pour éloigner les pertes post récoltes. Pour le moment, la coopérative qui compte 30 membres régulièrement inscrits, dont 7 membres du bureau, ravitaille les membres en intrants (semences améliorées et produits phytosanitaires). Elle met aussi à disposition des membres, des crédits pour investissement sur les parcelles individuelles.

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Par MELI Rostand

Courriel : [email protected]

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