Quand tout espoir semblait perdu, Nonhlanhla Joye, âgée de 51 ans, a littéralement commencé à cultiver dans des sacs en plastique. Elle est la fondatrice et directrice ‘d’Umgibe Farming Organics and Training Institute’, une institution de formation en agriculture.
«Je détestais l’agriculture quand j’étais enfant. Alors que tous les autres enfants de mon âge couraient et jouaient dans le quartier, j’étais dans la cour arrière de mon père pour l’aider à s’occuper de sa ferme », déclare l’agricultrice primée âgée de 51 ans originaire de Cato Manor, tout près de Durban, dans le KwaZulu-Natal, République d’Afrique du Sud.
Pendant que sa vie était bouleversée par un diagnostic potentiellement définitif de cancer en 2014, elle n’avait d’autre choix que de s’adapter et de retourner à l’agriculture, la seule autre chose qu’elle savait faire. Son diagnostic l’avait invalidé au point où elle avait presque tout perdu, y compris son travail et sa capacité à nourrir sa famille.
«Mon père a insisté pour que je ne fasse pas partie d’une génération de mendiants. Et comme je n’avais jamais eu l’intention de demander de l’aide à qui que ce soit, j’ai créé mon propre jardin dans ma cour arrière », explique Joye qui a été obligée de s’adapter alors que le jardin échouait du fait des attaques de poules errants.
Lorsqu’elle se sentait encore plus affaiblie, quand tout semblait perdu pendant la chimiothérapie, Nonhlanhla Joye a innové. Elle a construit des structures en bois sur lesquelles elle allait cultiver ses produits dans des sachets en plastique à une hauteur que les poulets délinquants ne pouvaient atteindre.
Ce qui s’est passé ensuite a marqué le début d’une odyssée qui la verrait devenir l’une des personnalités les plus décorées de l’agriculture et une force novatrice dans l’autonomisation socio-économique du KwaZulu-Natal, dont l’influence s’étendait jusque dans les régions septentrionales de la province. «J’ai remarqué que non seulement je cultivais des légumes en surplus (dans les sachets en plastique), mais que j’économisais également beaucoup d’eau, » a-t-elle déclaré.
Suite à cela, elle ne fut pas seulement capable de se nourrir, retrouvant ainsi assez de force pour l’aider à pousser son cancer à la rémission; Elle a également pu développer une petite entreprise en vendant le surplus de sa production à ses voisins. De plus, alors que les gens cherchaient ses légumes issus de l’agriculture biologique, la curiosité autour de son modèle d’agriculture a rapidement augmenté.
Inspirée par cet intérêt, elle a ensuite cherché un terrain où elle pourrait mettre en œuvre ce qui est maintenant connu dans la région d’eThekwini sous le nom de ‘’Growth System’’, un système de croissance. Une fois de plus, Joye a été obligée de s’adapter. Les terres qui lui avaient été attribuées par la municipalité, autrefois désignées comme site agricole, étaient devenues des décharges. Avec seulement 400 rands à son actif, et avec l’aide de femmes qui deviendront plus tard des partenaires dans l’une de ses deux coopératives, elle a créé de toutes pièces une petite propriété dans laquelle travaillent au moins dix autres agriculteurs. Elle fournit une plate-forme à des centaines d’agriculteurs dans sa ville natale de Chesterville (entre Cato Manor et Westville, à environ 13 km à l’ouest de Durban) et au-delà.
Son système de croissance, maintenant breveté, a ouvert de nouvelles perspectives aux spécialistes de l’agriculture biologique. Elle a vendu le système à plus de 50 coopératives qui encadrent environ 600 personnes.
En outre, elle ne fournit pas seulement des conseils techniques et un soutien à ces coopératives. Elle collecte et livre leurs produits à divers acheteurs et marchés en contrepartie de frais de transport. En plus, son entreprise est résolument vouée au développement de sa communauté par le biais de formations en agriculture biologique, production végétale et transformation des aliments.
D’un montant initial de 400 rands à la création, l’Institut de formation de Nonhlanhla Joye a enregistré un chiffre d’affaires de plus d’un million de rands l’année dernière. Une réalisation remarquable pour une entreprise qui n’existe que depuis quatre ans. Parmi ses lauriers, citons le ‘Global Impact Woman Entrepreneur of the Year Award’, prix qu’elle a reçu à Paris, en France et qui est l’un des 11 prix qu’elle a remportés en 2017 seulement.
Bien qu’elle ne minimise pas cet exploit, Joye insiste sur le fait que son compte bancaire n’est pas le véritable reflet de sa réussite. Elle est très fière du fait qu’elle s’est sauvée de la mort, s’est adaptée à toutes les circonstances et qu’en fin de compte, grâce à son commerce, elle procure une source de revenus durable à près de 500 familles.
Cela devient encore plus clair lorsqu’on lui demande ce qui a motivé son succès. «Mon intérêt pour le développement social a toujours été une force motrice dans ma vie. C’est ce qui fait battre mon cœur. «