Pour 20 millions d’agriculteurs(rices) d’Afrique de l’Est et centrale, la Fédération des agriculteurs d’Afrique de l’Est (EAFF) représente leur voix collective. Enregistrée au Kenya, la fédération est une organisation mutuelle régionale fondée en 2001. Elle a été créée, en vue de représenter, militer et plaider pour les intérêts des agriculteurs(rices) est-africains et renforcer leurs capacités.
L’EAFF regroupe 24 fédérations, coopératives d’agriculteurs(rices) et associations de producteurs nationales de 10 pays : Kenya, Ouganda, Tanzanie (Zanzibar), Rwanda, Burundi, Éthiopie, Djibouti, République démocratique du Congo, Soudan du Sud et Érythrée. Pour adhérer à l’EAFF, une organisation paysanne doit être légalement enregistrée avec une optique nationale.
Elizabeth Nsimadala est la présidente régionale de l’EAFF, basée à Nairobi, au Kenya. Elle affirme que la phase de formation de l’EAFF commença par une analyse de la valeur que l’institution apporterait au secteur agricole et aux acteurs(rices) compétent(e)s. Le plan stratégique de base (2008-2012) était centré sur la formation de partenariats, pertinents dans le domaine politique, et le renforcement du fondement de la représentation. Elle déclare : « Nous avons accompli cela avec brio, car nous sommes parvenus à tisser des partenariats régionaux officiels dans l’ensemble des chaînes de valeur avec les gouvernements, le secteur privé, les institutions de recherche, les autres organisations paysannes régionales et les ONG. »
Ils ont également contribué à l’élaboration de politiques relatives à plusieurs thèmes importants, dont le changement climatique, les organismes génétiquement modifiés (OGM), les énergies renouvelables, les droits fonciers (et les expropriations de terres) et la sécurité alimentaire entre autres. Pour ce faire, les représentants de l’EAFF ont participé à des rencontres internationales telles que la Conférence sur le changement climatique (Conférence des Parties), le Comité de la sécurité alimentaire de la FAO (Organisation de l’alimentation et de l’agriculture), le FMRA (Forum mondial de la recherche agricole), le forum de l’agriculture du FIDA (Fonds international de développement agricole), la Commission de l’Union africaine, la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, le Forum sur la révolution verte en Afrique, etc.
Depuis sa création, elle est passée de cinq à dix membres, et de sept à 23 organisations nationales. Selon madame Nsimadala, durant cette période, l’EAFF a pu jouer son rôle de « voix des agriculteurs » en Afrique de l’Est et a, par conséquent, pu motiver beaucoup de partenaires de développement à appuyer son plan stratégique.
Son plan stratégique actuel porte sur la durabilité de l’organisation. Madame Nsimadala soutient que cela signifie que l’EAFF travaillera à tirer parti de la bonne volonté actuelle des membres et des partenaires pour développer une plateforme de durabilité.
À ses dires, l’organisation a réalisé qu’il lui fallait une stratégie qui lui permettrait d’obtenir assez de financements pour la promouvoir, soutenir sa croissance, et dépendre moins des bailleurs de fonds externes.
À l’instar de toute autre organisation, l’EAFF et ses membres rencontrent des défis, y compris la diminution des financements visant à promouvoir la transformation des organisations paysannes en agroentreprises durables dirigées par des agriculteurs(rices), ainsi que les financements privés limités pour les agriculteurs(rices) et leurs organisations. Il est nécessaire d’investir plus dans le secteur agricole. Cela signifie un rassemblement des secteurs public et privé et de la société, à l’échelle continentale, régionale et nationale, pour accroître les investissements, améliorer la coordination, partager les connaissances, les succès et les échecs, s’encourager mutuellement et promouvoir les initiatives conjointes et individuelles.
En Afrique de l’Est, les politiques commerciales et agricoles pourraient être plus globales et cohésives afin de profiter aux agriculteurs(rices).
Enfin, l’impact du changement climatique et la situation précaire, y compris au Burundi, en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud, ne peuvent pas être ignorés.
L’EAFF travaille actuellement sur plusieurs projets, dont l’e-Granary, une bibliothèque numérique visant à donner accès aux technologies de l’information et aux services de bibliothèque dans les pays en développement. Elle travaille également sur des projets relatifs aux jeunes et aux finances en milieu rural. En qualité d’organisation paysanne, elle a un double rôle à assumer dans la promotion de la reconnaissance de l’agriculture familiale et des droits des petit(e)s exploitant(e)s agricoles, et l’offre de services à ses membres pour leur meilleure implication dans leurs chaînes de valeur.
L’EAFF estime que les agriculteurs(rices) familiaux contribuent à l’environnement, l’économie et la société. Ils/elles contribuent à la sécurité alimentaire, la préservation des écosystèmes et des paysages ruraux, la préservation de la diversité biologique, du patrimoine culturel et du tissu socioéconomique. Tous ces éléments sont solidement ancrés dans la déclaration sur la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale.
Le renforcement des capacités et le partage d’informations entre les membres sont importants, et l’EAFF mise sur quelques stratégies. Madame Nsimadala explique : « Nous avons également un service de vulgarisation bien conçu qui englobe la publication et la distribution à nos membres de matériel de formation sous forme de manuels, de brochures et de dépliants. Nous proposons également des émissions radiophoniques sur des questions thématiques dans différentes langues locales et nous avons un service de vulgarisation en ligne par le biais duquel les agriculteurs(rices) reçoivent des appels et des SMS intégrés grâce à notre plateforme e-Granary (messagerie cellulaire). »
Madame Nsimadala affirme qu’ils utilisent ces mêmes plateformes pour recueillir les avis des agriculteurs(rices). Ils emploient également un centre d’appel (par des appels entrants) pour réaliser régulièrement des sondages rapides afin d’évaluer la situation dans différents pays et ils ont un questionnaire de satisfaction qu’ils demandent aux membres de remplir chaque année.
« Jusqu’ici, nous sommes satisfaits de la façon dont les choses évoluent et nos membres se disent satisfaits des actions de l’EAFF qui les aident dans différents domaines, que ce soit en matière de plaidoyer, d’agroentreprise, de développement institutionnel, etc., » déclare madame Nsimadala.
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Ecrit par Busi Ngcebetsha
Vous pouvez contacter Mme Nsimadala par courriel à [email protected] ou par téléphone au +254 204 45 16 91. Pour avoir de plus amples renseignements, cliquez sur https://www.eaffu.org.