Le gouvernement du Zimbabwe lance un appel à l’aide pour alléger le fardeau de la faim qui touche actuellement des millions de citoyens. La sécheresse est due aux rendements médiocres de la campagne agricole d’été 2018/2019, qui s’étend normalement de novembre à mars. Des pluies irrégulières dans l’ensemble de l’Afrique australe ont provoqué cette sécheresse. Le Zimbabwe a connu des sécheresses récurrentes au fil des années, qui ont entraîné une pénurie de céréales dans le pays. Des milliers de ménages doivent faire face au coût élevé de la nourriture dans le pays causé par la sécheresse persistante et l’inflation. Le pays avait un régime multi-devises, mais celui-ci a été abandonné en juillet 2019 au profit des obligations locales de substitution appelées dollars RTGS.
Le pays était le grenier de l’Afrique avant de se lancer dans le programme de réforme agraire dont le but était de redistribuer la terre à des milliers de Noirs sans terres. Quelque 300 000 familles noires auraient bénéficié du programme de réforme agraire. Le manque d’intrants pour les nouveaux agriculteurs a toujours entravé une production significative dans les exploitations. La situation a encore été exacerbée par des allégations selon lesquelles le programme n’était qu’un gadget politique destiné à apaiser des centaines de partisans du parti au pouvoir, de plus en plus agités. Bien que la réforme agraire ait eu des succès, la plupart de ces «nouveaux agriculteurs» ont fait très peu pour aider le pays à obtenir de meilleurs rendements.
Un autre facteur qui milite contre de bonnes récoltes est la réticence des agriculteurs à adopter les méthodes de conservation introduites dans le pays. Bien que ces méthodes se soient avérées bénéfiques, l’absorption était très faible. Il y a plus de dix ans, la FAO a introduit l’agriculture de conservation au Zimbabwe. Certains projets pilotes ont été réalisés dans certaines régions du pays et les résultats ont été impressionnants. Cependant, les agriculteurs de subsistance, qui représentent l’essentiel des agriculteurs du pays, n’ont pas adopté cette méthode de culture, qui, selon de nombreux agriculteurs, nécessitait une main-d’œuvre importante. Le pays a connu des sécheresses récurrentes depuis plus de dix ans et il est clair que si l’on veut éviter les sécheresses, les agriculteurs (en particulier les agriculteurs de subsistance) devront adopter des méthodes de conservation et supprimer les systèmes conventionnels.
Récolter de l’eau pendant la saison des pluies est un autre moyen d’aider le pays à assurer la sécurité alimentaire. Beaucoup d’eau de pluie est gaspillée parce que les agriculteurs ne sont pas au courant ou n’ont pas les moyens de récupérer l’eau de pluie. Les agriculteurs dépendent actuellement principalement de la pluie pour faire pousser leurs cultures. La construction de petits barrages dans les fermes et l’utilisation d’eau souterraine sont également des moyens d’aider les agriculteurs à faire pousser leurs cultures même en saison sèche.
En 2016, le gouvernement, par l’intermédiaire du ministère de l’Agriculture, de la Mécanisation et du Développement de l’Irrigation (MAMID), a lancé ce qu’il a appelé ‘Command Agriculture’, ciblant les agriculteurs afin de stimuler la production alimentaire. Dans le cadre de ce programme, les agriculteurs devaient s’inscrire pour recevoir les intrants à crédit des fournisseurs et les restituer après leur vente à l’Office de Commercialisation des Graines (GMB). L’objectif du gouvernement était de produire 5 tonnes de maïs par hectare. Le programme a été un succès en 2017 car les pluies étaient bonnes. Le sentiment général est que si ces programmes sont bien gérés, les rendements augmenteront et garantiront ainsi la sécurité alimentaire du pays.
Denis NGWENYA, responsable des programmes pour une initiative de radio communautaire pour les jeunes, YFM – Zimbabwe