Les Organisations paysannes plaident pour une transition agroécologique

Les Organisations paysannes plaident pour une transition agroécologique

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Pour la campagne agricole 2022-2023, plusieurs agriculteurs et agricultrices en Afrique de l’Ouest disent être confronté(e)s à un véritable problème d’accès  aux engrais. Avec l’augmentation des prix des engrais sur le marché mondial et la réduction des stocks disponibles, il est difficile pour ces agriculteurs et agricultrices d’acheter la quantité d’engrais dont ils (elles) ont besoin. Organisation de plaidoyer pour les agriculteurs et agricultrices, la Coordination Togolaise des Organisations Paysannes et des Producteurs agricoles (CTOP) connaît bien ces défis. 

Du 18 au 20 mai 2022, la CTOP a rejoint le groupe WhatsApp du réseau des partenaires radios de Radios Rurales Internationales (RRI) pour discuter de cette situation et du rôle des stations de radio en vue d’apporter les bonnes informations en lien avec les engrais au monde agricole. 

Kodzo Elom ZOGAN, Secrétaire Exécutif de la CTOP est revenu sur les efforts de plaidoyer de son Organisation auprès des autorités, pour assurer un accès facile et à moindre coût aux engrais pour les agriculteurs et agricultrices. Le responsable du Secrétariat Exécutif de la CTOP a indiqué qu’il y a eu une hausse du prix des engrais vivriers de 44% (NPK et Urée), soit une augmentation qui a atteint les 18 000 FCFA, ceci par rapport à la campagne passée. 

Le Ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et du Développement Rural (MAEDR) a annoncé une mobilisation de 76000 tonnes d’engrais, mais l’accès est conditionné par l’enrôlement des producteurs et la validation de la liste aux niveaux cantonal, préfectoral, régional et national. Il est à noter que les prix des engrais coton restent inchangés par rapport à la campagne agricole passée. Le Secrétaire Exécutif de la CTOP a indiqué que de nombreux producteurs s’inquiètent de cette situation. Rappelons que les prix des engrais dépendent majoritairement des subventions du gouvernement. 

Kodzo Elom ZOGAN a également indiqué que son Organisation est en contact avec le gouvernement, notamment le MAEDR, afin de discuter de la situation et de son impact sur la sécurité alimentaire. Cette démarche vise à trouver une solution rapide et efficace pour soutenir les agriculteurs et agricultrices. Il a aussi insisté sur l’urgence d’accélérer la transition agroécologique des systèmes de production agricole au Togo. 

Les radiodiffuseurs et radiodiffuseuses connaissent bien les défis de leur auditoire composé essentiellement d’agricultrices et agriculteurs. 

Abdoulaye Kammessiegou de la Radio Courtoisie, explique ces défis en ces termes : «Ici dans la région des Savanes, l’augmentation du prix des engrais est presque sur toutes les lèvres puisque la majorité de la population est paysanne. C’est difficile pour les agriculteurs d’accepter cette hausse du prix des engrais dans les conditions de vie actuelles. Certains estiment qu’un changement de culture s’impose pour faire face à cette nouvelle situation. Le maïs majoritairement cultivé dans la région va vraisemblablement perdre sa place au profit d’autres cultures qui nécessitent moins d’engrais, notamment le mil, le sorgho, etc. » Il continue dans le même sens en déclarant : “L’accès n’est pas le seul défi. Quelques agriculteurs et agricultrices posent des questions sur l’efficacité des engrais. 

Un radiodiffuseur de la préfecture de Doufelgou s’est interrogé à propos de la situation : « Ne doit-on pas prêter attention à la qualité de l’engrais mis à la disposition des producteurs aujourd’hui ?  La saison agricole dernière a laissé un constat amer dans la préfecture de Doufelgou, précisément dans le Canton de Siou où les producteurs ont malheureusement vu leur rendement baisser suite à l’utilisation de l’engrais mis à leur disposition. N’est-il pas nécessaire de contrôler la qualité des engrais chimiques importés ? »

Plusieurs radiodiffuseurs ont proposé l’utilisation du compost et du fumier au lieu des engrais chimiques. Pour sa part, Bidé Boyodi Yawou de la Radio La Paix émettant de la région des plateaux a dit ceci : « La perspective pour les agriculteurs et agricultrices, c’est de se rabattre sur le compostage. On peut initier un projet pour la vulgarisation du compost. Moi je sais qu’avant l’apparition des engrais chimiques, chez moi en pays Kabyè les producteurs n’utilisaient que le fumier et le compost, et ça réussissait bien malgré les sols arides de la région de la Kara. »

Pour les soutenir avec les programmes radiophoniques axés sur les approches agroécologiques et l’utilisation du fumier et du compost, Mawuli Affognon, le Chargé de réseautage de RRI a partagé plusieurs textes radiophoniques et des nouvelles Barza infos, le Service d’actualité agricole de RRI, concernant ces sujets. Par exemple, ce texte radiophonique sous forme de feuilleton qui porte sur l’engrais biologique que les agriculteurs et agricultrices peuvent fabriquer eux-mêmes.  Également cette nouvelle Barza infos du Sénégal portant sur l’engrais bio utilisé pour la culture du coton, de l’arachide, du manioc, et du sorgho. 

Les radios ont également proposé les différents formats radiophoniques pour mieux élaborer ce sujet à l’antenne. L’utilisation des micro-trottoirs et autres approches interactives ont été suggérées pour bien rendre compte des opinions des agriculteurs et agricultrices. Ces derniers ont beaucoup de questions et ont également leurs propres opinions concernant la situation d’accès à l’engrais. Et sûrement que les agriculteurs et agricultrices ont des idées sur l’émergence d’alternatives aux engrais chimiques ou les conséquences de la pénurie d’engrais sur le déroulement de la campagne agricole 2022-2023. Les émissions radiophoniques vont amplifier ces idées, et aider à soutenir les agriculteurs et agricultrices, afin de parvenir à l’amélioration de leur rendement durant cette campagne agricole. 

Photo : Cultures dans le village de Valeska, près d’Arusha, en Tanzanie, le 7 octobre 2013.

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