Lorsque vous écoutez la Radio Communautaire Salama de Butembo, en RDC, le samedi soir, vous entendrez des radiodiffuseurs(euses) parler du grave problème de la violence sexuelle et la violence basée sur le genre. C’est un sujet important pour les auditeurs(trices), mais souvent négligé selon l’équipe de production. Le chef de la station Jeremie Kyaswekera déclare : « Nos émissions tendent le micro aux oubliés de la presse. »
L’émission s’intitule Ujeuri Dhidi Ya Wanawake, qui signifie « Lutte contre les violences faites à la femme ». Elle est diffusée le samedi de 20 h 30 à 21 h et, comme le dit monsieur Kyaswekera, elle « est consacrée à l’expression féminine et la promotion des droits des femmes. »
Monsieur Kyaswekera explique qu’une partie importante de ce travail consiste à aborder les fausses idées concernant les femmes qui, selon lui, sont « souvent à la base de la … la violence contre les femmes. » Pour contrer ces stéréotypes, l’émission parle des rôles traditionnels des hommes et des femmes et des changements qui s’opèrent au niveau de ces rôles.
Dans l’émission, il est également question des différentes formes de violence, de leurs causes, leurs conséquences et d’éventuelles stratégies de prévention. Les radiodiffuseurs(euses) encouragent les autorités locales à respecter les droits des femmes et à promouvoir la justice pour les survivantes de la violence. Ils/elles orientent également les auditeurs(trices) vers des organismes de soutien et communiquent régulièrement un numéro gratuit auquel l’auditoire peut appeler pour dénoncer des cas de violence.
Radios Rurales Internationales a sélectionné Tupiganishe Ujeuri Dhidi Ya Wanawake comme la grande gagnante du Prix Liz Hughes pour Radios Rurales au féminin 2021. Ce prix est décerné aux émissions radiophoniques qui abordent l’égalité de genre et permettent aux femmes rurales de partager leurs voix.
Tupiganishe Ujeuri Dhidi Ya Wanawake utilise des micros-trottoirs pour faire connaître les préoccupations, les expériences et la compréhension des femmes et des hommes concernant la violence sexuelle et la violence basée sur le genre. Ces contributions de la communauté aident la Radio Communautaire Salama à choisir le thème de chaque numéro et trouver de bons spécialistes qui interviendront à titre d’invités.
Ces spécialistes englobent des expert(e)s en genre, du personnel enseignant et des responsables d’organisations féminines qui sont d’importantes sources d’information dans l’émission. Leurs voix sont diffusées en direct à travers les réponses qu’ils/elles donnent aux questions de l’auditoire et les discussions sur le thème de la semaine.
La Radio Communautaire Salama consulte également des spécialistes et des organisations féminines pour préparer l’émission, y compris le Collectif des femmes journalistes, l’Association des Femmes Juristes (FJDJ) et l’Association de défense des droits des femmes (ADDF).
Et surtout, la station constate au sein de la communauté un changement résultant de l’émission. Un nombre croissant de victimes et d’autres personnes se rendent auprès des associations féminines pour parler de la violence basée sur le genre. L’émission radiophonique reçoit également des commentaires et des questions de la part de l’auditoire, notamment à partir du numéro gratuit qu’elle communique.
Dans l’émission, des femmes locales interviennent, en particulier des survivantes de violence sexuelle et de violence basée sur le genre. Elles y partagent leurs histoires. Monsieur Kyaswekera explique : « Comme notre émission est consacrée exclusivement à la lutte contre la violence contre les femmes, nous offrons aux femmes et aux filles la [chance] de faire entendre leurs voix. »
Les femmes sont les figures centrales de l’émission, mais les hommes y contribuent également.
Monsieur Kyaswekera précise : « Nos émissions sont presque consacrées à 80 % aux femmes et parmi ces 80 %, 20% portent sur un contenu réservé exclusivement aux femmes rurales et aux agricultrices. Cependant, … les hommes ont accès au même contenu et sont même une source d’information, et ils partagent leurs expériences. »
En utilisant des micros-trottoirs et des interviews, la Radio Communautaire Salama encourage l’interaction des hommes pendant l’émission comme un moyen de soutenir les femmes et montrer une masculinité positive. Cela permet à l’auditoire de s’impliquer dans l’émission et d’améliorer ses connaissances sur la violence sexuelle et la violence basée sur le genre.
Selon monsieur Kyaswekera, il est parfois difficile de réaliser une émission sur un sujet aussi sensible. Il ajoute qu’il est parfois compliqué de trouver des informations vérifiées sur ce sujet. La transmission de ces informations en langue locale est également difficile.
Mais les résultats sont déjà perceptibles. Depuis le début de l’émission, monsieur Kyaswekera note que des associations féminines telles que l’ADDF et la DJDJ indiquent que leurs services sont de plus en plus sollicités par des femmes qui signalent des cas de violence.
Monsieur Kyaswekera déclare : « Nous étions fiers lorsque notre émission magazine … a retenu l’attention du jury. »
Avec ce prix, le personnel de la Radio Communautaire Salama découvre que son travail est bien apprécié et il s’engage davantage à travailler plus pour demander une plus grande égalité et un monde où les agricultrices et les femmes rurales sont respectées, peuvent s’exprimer et sont autonomes et indépendantes.
La Radio Communautaire Salama a été la grande lauréate du Prix Liz Hughes pour Radios Rurales au féminin 2021. L’émission She Show d’Ahomka FM, du Ghana et l’émission « Agriculture et Développement » de la Radio Rurale Locale de Banikoara, du Bénin ont reçu le deuxième prix. Deux émissions ont également obtenu une mention honorable. Vous trouverez leurs histoires dans de futurs numéros de Barza infos.
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