Pendant quatre semaines au début de l’année 2021, Radios Rurales Interntionales et nos partenaires de radiodiffusion d’Afrique se sont réunis en ligne pour discuter de l’égalité de genre selon leurs expériences et leur travail. Du 11 janvier au 5 février, environ 200 personnes ont participé à la discussion en français dans notre groupe WhatsApp (il y avait également une discussion en anglais sur notre plateforme de discussions). Cette discussion fut très active et engageante avec une grande contribution de ces personnes. Au total, plus de 4 000 messages ont été partagés de début janvier jusqu’à fin de la discussion. Merci à toutes les personnes qui ont assisté, et, en particulier, aux spécialistes du genre qui ont offert leur expertise : Lizetta Ouédraogo, Adama Camara, et la Dre Zeinab Kane. Merci également au facilitateur, Meli Rostand.
Durant les quatre semaines, nous avons abordé quatre sujets :
– Votre compréhension de l’égalité de genre
– Les difficultés que les femmes affrontent concernant « l’égalité de genre »
– La prise en compte de l’égalité de genre dans les émissions radiophoniques
– Les stratégies à adopter pour une promotion durable de l’égalité de genre à la maison et dans le milieu professionnel
À la suite de notre sondage, les participant(e)s ont souligné que cette discussion avait amélioré leur compréhension de l’égalité de genre. De plus, ils ont apprécié les échanges d’idées avec d’autres partenaires de radiodiffusion, l’apprentissage de nouvelles choses sur l’égalité de genre, et l’utilité de la discussion pour leur travail. La moitié a indiqué vouloir produire une émission sur l’égalité de genre. Si vous planifiez une émission, utilisez nos ressources disponibles au : http://scripts.farmradio.fm/fr/radio-resource-packs/ensembles-thematiques-de-2021/questions-de-genre/
Finalement, 100 % des personnes ayant répondu au sondage ont indiqué qu’elles souhaitaient avoir plus de formations sur l’égalité de genre. Vous pouvez commencer avec notre module d’apprentissage, disponible à www.farmradiotraining.org.
Votre nom d’utilisateur : votre adresse courriel,
Votre mot de passe : Farmradio8!
Vous pouvez aussi lire notre guide pratique pour la radiodiffusion qui explique comment bien servir vos agricultrices.
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L’égalité de genre c’est :
- l’égalité des chances, des droits et des devoirs sans distinction de sexe, avoir les mêmes privilèges dans les instances décisionnelles et être soumis aux mêmes exercices;
- supposer que la femme et l’homme aient les mêmes possibilités d’être, de faire et de bénéficier des avantages qu’offre la vie dans les mêmes conditions pour l’un et l’autre;
- ce mode de vie dans la société où les hommes et les femmes, les garçons et les filles, les personnes vivant avec un handicap et les personnes bien portantes traitent d’égal à égal et ni l’un ni l’autre ne se considère inférieur ou supérieur à l’autre;
- d’englober toutes les identités dans la quête des droits et des opportunités, notamment le droit d’accéder aux ressources naturelles dans leur milieu de vie, de les contrôler et d’en tirer équitablement profit;
- les freins à l’égalité des genres varient d’un pays à l’autre selon les cultures.
- Certaines femmes ne peuvent pas mener des activités génératrices de revenus tout simplement parce que leur conjoint les en empêchent; les autres femmes qui travaillent essuient régulièrement des frustrations parce qu’elles sont toujours cantonnées aux seconds rôles et certaines promotions ne sont faites que pour voiler des inégalités profondes.
- Un foyer qui n’a que des filles est encore perçu dans certaines communautés comme n’ayant pas la chance de garder son identité; dans certaines régions, elles sont exclues lors du partage de l’héritage dans le cadre des affaires de succession.
- Une fois mariée, la femme est considérée comme appartenant à la famille du mari pendant que dans la famille du mari, elle est prise pour une étrangère; certaines traditions soutiennent que ‘investir dans l’éducation de la fille c’est semer une graine productrice dans le champ du voisin.’
- Elles sont sujettes à des pratiques culturelles avec les exigences de ses normes et les valeurs fondées sur le patriarcat qui ont tendance à confiner la femme à la maternité et à l’exécution des tâches ménagères.
- Elles sont les plus actives en agriculture, mais n’ont pas accès aux terres agricoles du fait de la limitation de leurs droits fonciers.
- Dans quelques régions, elles sont sujettes à la violence basée sur le genre, ce qui inclut : des rites de veuvages dégradants, des mutilations, des mariages forcés, et autres.
- Dans plusieurs communautés, il est difficile qu’une femme prenne la parole pour débattre au même titre que l’homme et aussi dans certains groupes de discussion en ligne, les femmes se taisent par crainte des préjugés.
– Les femmes sont bien impliquées dans l’administration des stations radio, mais aussi dans l’animation des émissions. Il subsiste toutefois des freins à l’épanouissement véritable de la femme à la radio et surtout à l’application efficiente des principes d’égalité de genre dans la programmation.
– Les animatrices rurales moins instruites ont du mal à aborder les femmes et les hommes instruits dans leurs émissions, leurs interviews et leurs reportages notamment dans les langues étrangères (français et anglais). Toutefois, ce complexe diminue au fur et à mesure qu’elles acquièrent de l’expérience dans l’interactivité.
– Lors de la réalisation des micros-trottoirs par exemple, peu des femmes s’expriment. Elles ont tendance à fuir le microphone par rapport aux hommes. Elles refusent de s’exprimer même si le sujet les concerne, estimant que c’est la responsabilité des hommes. Pourtant, elles ont souvent beaucoup plus à dire. Cela serait due à un manque de confiance en elles, un complexe d’infériorité qui s’est transmis de génération en génération.
– Des magazines et microprogrammes sont régulièrement diffusés sur les antennes pour emmener les femmes des villes et des villages à se faire confiance et initier des activités génératrices de revenus pour favoriser leur propre épanouissement. Cependant, il arrive que les émissions radiophoniques reproduisent souvent les stéréotypes de genre.
– Les droits de la femme se heurtent à la volonté de chaque peuple de défendre jalousement sa culture parce que c’est ce qui lui appartient et c’est dans cela qu’il se reconnaît. La question de genre se pose même au niveau de la communication (radio) lorsqu’il s’agit de débats relatifs aux violences basées sur le genre. Certains auditeurs accusent les radiodiffuseurs(euses) de vouloir déformer la pensée de leurs filles et leurs femmes, la radio servant parfois comme un outil de dénonciation de cas de violences basées sur le genre.
Les stratégies à adopter pour une promotion durable de l’égalité de genre :
À la maison :
– Les hommes doivent aider les femmes à exécuter certaines tâches ménagères en présence des enfants pour permettre aux enfants de s’imprégner de la notion du genre dès le bas âge. En servant d’exemple, les deux parents doivent s’investir pleinement dans l’éducation des enfants, c’est à dire éviter de spécifier les activités pour permettre aux enfants de vivre la masculinité et la féminité positive. Tous les enfants doivent être à même d’exécuter toutes les activités sans distinction de sexe. Ainsi, ils grandiront ainsi, préparés à être des êtres bien accomplis pour appliquer l’égalité.
– Il faut envoyer les filles et garçons à l’école sans discrimination, les faire participer aux mêmes exercices gymnastiques ou intellectuels sans distinction. On doit inclure l’égalité de genre dans l’éducation des enfants dès le bas âge.
– L’égalité de genre à la maison doit être un moyen de survie du couple, d’éducation des enfants, d’harmonie et de cohésion sociale. Que le mari échange et communique avec son épouse pour des décisions concernant la famille, le couple et autres;
– À la maison nous ne devons pas perdre de vu qu’une bonne relation est basée sur la communication, la compréhension, la confiance et le respect mutuel. La communication éloigne les querelles et instaure un climat de complicité.
– Travailler avec les leaders, les sages, les gardiens et les gardiennes de nos traditions qui peuvent impacter positivement nos stratégies, car quand ils adhèrent à la cause, les communautés acceptent facilement et agissent positivement. De plus, il faut que les radios captent et diffusent par exemple les bonnes pratiques, les témoignages d’égalité de genre dans les ménages et la vie professionnelle. Cela permet aux communautés d’avoir des expériences prouvées et concrètes.
Au travail :
– Il faut mettre les femmes sur le même pied d’égalité que les hommes en leur confiant les responsabilités qui vont de pair avec leurs qualifications. Les femmes et les hommes doivent avoir un accès égal aux opportunités d’emploi, à un revenu décent et équitable, à la terre et à d’autres ressources productives;
– Les hommes respectent les femmes au travail quand elles ont les postes de responsabilité; la femme cesse de penser qu’elle ne peut pas être à la hauteur de certaines responsabilités;
Valoriser les bonnes pratiques, partager de bons témoignages sur l’égalité de genre. Initier des prix pour récompenser les meilleurs, en vue d’encourager plus la bonne pratique recherchée.
– La relation entre collègues ou confrères devrait être une priorité basée sur le respect mutuel. Chacun(e) devrait dans humilité reconnaître les capacités de l’autre pour pourvoir apprendre de lui ou d’elle, mais aussi les faiblesses de l’autre pour l’aider.
– La bonne réussite de la pratique de l’égalité de genre dépend largement des hommes et femmes des médias et de la société civile qui doivent bien sensibiliser nos communautés à l’abandon des pratiques avilissantes. Peut-être il faut le faire avec beaucoup de tact pour ne choquer personne et amener les uns et les autres à y adhérer, afin qu’on puisse intéresser les garçons et les hommes à aider leurs sœurs et leurs femmes dans les tâches domestiques quotidiennes. Par exemple, on peut trouver des formules pour montrer qu’en aidant leurs sœurs ils vont vite faire le ménage, apprendre bien leurs leçons, réussir leurs études ensemble, et cela permettra aux sœurs d’avoir aussi leur parchemin pour ne pas être demain à la charge de leurs frères, etc.
– Les femmes peuvent au même titre que les hommes assurer la technique et présenter des émissions qui ailleurs portent uniquement la signature des hommes et assurer la production elles-mêmes. Les femmes dans certaines stations produisent elles-mêmes. Elles assurent elles-mêmes le traitement de l’information et le montage de certains spots. Le départ est toujours difficile du fait de la dominance des hommes, mais la volonté et la détermination permettent de relever les défis.
– Il faut instaurer ce climat de confiance en prenant des exemples sur des femmes réalisatrices, animatrices, journalistes dans certaines stations de radio ou télé pour construire la motivation.
– Certaines stations ont des émissions consacrées aux jeunes élèves (filles et garçons) venant de différents établissements scolaires. Dans ces efforts d’initiation aux métiers de la communication, les élèves organisent des débats, réalisent des interviews et des reportages sous la supervision des ainés responsables de la radio. Cela permet d’assurer la relève dans l’équité en radiodiffusion.
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