C’est lundi soir, et Adja Malado Diakité est assise derrière le micro à Radio Wassoulou, à Yanfolila, au sud du Mali. Elle s’apprête à animer son émission hebdomadaire, Mousso djôyôro, ou « La place des femmes dans la société. »
À première vue, Adja donne l’impression d’être une professionnelle du micro. Il est vrai qu’elle a suivi beaucoup de formations et, qu’à ce stade, elle est habituée à s’exprimer à l’antenne. Cependant, Adja n’a pas toujours été une animatrice.
Adja est jardinière et transformatrice de produits locaux comme le miel et le fonio (une sorte de céréale qui est répandue en Afrique de l’Ouest). Adja a commencé à collaborer avec la station de sa localité en animant des groupes d’écoute communautaire de femmes pour le projet Voix de femmes à grande échelle de Radios Rurales Internationales qui visait à améliorer la sécurité alimentaire et l’égalité des genres dans quatre pays ouest-africains.
Dans le cadre de ce projet, Adja a suivi des formations sur des sujets comme les questions du genre et la radio interactive, ainsi que des ateliers pour la conception de contenus destinés aux émissions radiophoniques. Elle a acquis de l’expérience et de l’assurance en s’exprimant dans les émissions.
Dans la première série d’émissions radiophoniques, Adja s’est exprimé à l’antenne en tant qu’invitée pour parler de bonnes pratiques nutritionnelles. Au bout de la troisième série, elle était devenue une personne-ressource que l’on consultait concernant les produits du marché et leur bonne conservation. Adja fournissait de précieuses informations sur des sujets comme la préparation du sol, ainsi que la production du compost et des pesticides naturels.
« Ces émissions ont apporté beaucoup de changements positifs dans ma vie et m’ont surtout apporté de la notoriété dans notre localité, » déclare Adja.
« Après chaque émission que j’animais, je recevais beaucoup d’appels pour des précisions ou apporter d’amples informations sur les bonnes pratiques du maraichage. Les appels étaient aussi pour me notifier combien ces informations étaient utiles et discuter des solutions pour pallier les défis rencontrés surtout par les femmes. »
Adja constate dans sa communauté des changements qui se produisent à la suite de la diffusion des contenus des émissions radiophoniques. Avant, les producteurs et les productrices vendaient les mêmes produits à la même période, ce qui faisait que le prix obtenu sur le marché était bas. Maintenant, les gens vendent divers produits à des prix qui leur sont avantageux et qui sont accessibles à la clientèle.
Les producteurs et les productrices ont également appris l’importance de vendre en groupe. S’inspirant d’une émission sur les groupements de femmes et la vente collective, les productrices de noix de cajou se sont organisées pour vendre ensemble. Par conséquent, leurs prix sont uniformes, et elles réalisent des profits plus élevés.
L’émission sur le séchage et le stockage les céréales était particulièrement utile, car les producteurs et les productrices enregistrent souvent de grosses pertes à ce stade. « Beaucoup de producteurs et de productrices m’ont appelé personnellement pour me dire combien ces informations leur ont été utiles, » déclare Adja.
C’est à cause du succès d’Adja à l’antenne et de sa présence assidue aux formations durant le projet que Radio Wassoulou lui offrit sa propre émission.
« J’ai pris confiance en moi-même et je suis très fière d’être la deuxième femme au sein de la Radio Wassoulou. Pour moi, les émissions qui ont été réalisées répondaient aux besoins des producteurs et productrices et ont été très utiles pour ma communauté. »
Ici, à Radios Rurales Internationales, nous aimons voir ce type d’impact durable de nos projets. Nous avons hâte de savoir quels sont les prochains projets d’Adja!
En savoir plus du travail de Radios Rurales Internationales et le projet Voix des femmes a grand echelle: https://farmradio.org/fr/nouvelles/
À propos du projet
Le projet Voix de femmes à grande échelle visait à partager des informations sur l’agriculture et la nutrition d’une manière qui réponde aux besoins des femmes, remettre en question les normes sociales et explorer de manière significative l’égalité des genres. Le projet a mise en place des services de radio interactive améliorés au Burkina Faso, au Ghana, au Mali et au Sénégal, avec deux millions d’auditrices et d’auditeurs fidèles. Le gouvernement du Canada, par l’intermédiaire d’Affaires mondiales Canada, a soutenu le projet avec une subvention de 5 millions de dollars sur les cinq années du projet.
Radios Rurales Internationales (RRI) est un organisme à but non lucratif spécialisé dans l’utilisation de services de vulgarisation et de communication fondés sur les TIC pour toucher à grande échelle les communautés rurales éloignées d’Afrique subsaharienne dans les langues locales. L’expertise principale de RRI est la création conjointe et concertée de services d’information et consultatifs de qualité axés sur l’utilisateur, en association avec la radio, les téléphones portables, d’autres TIC et les interactions en face à face.