Les jeunes de Bangui sont les références en matière de techniques agricoles en République centrafricaine.

Les jeunes de Bangui sont les références en matière de techniques agricoles en République centrafricaine.

Start a dialogue!

À Bangui, des jeunes convertissent leur formation en compétences qu’ils partagent avec l’ensemble de leur communauté

Lorsqu’il étudiait pour obtenir un diplôme commercial, Emmanuel rêvait de devenir entrepreneur et de gagner beaucoup d’argent. Mais une fois le diplôme en poche, ce jeune homme de 29 ans n’a pas trouvé d’emploi dans sa ville natale de Bangui, la capitale de la République centrafricaine. Les jeunes représentent 70 pour cent de la population dans ce pays qui a souffert d’années de crises et de conflit.

De nombreux jeunes se retrouvent dans la même situation qu’Emmanuel, la tête pleine d’espoirs et de rêves mais peu de perspectives de les réaliser. Emmanuel a pensé qu’il existait cependant une solution qui lui permettrait forcément de gagner de l’argent et de vivre de son travail: l’agriculture. Il y aura toujours de l’argent à gagner avec la production alimentaire s’est-il dit, parce qu’après tout, tout le monde doit manger!

Il a commencé par une petite activité agricole, espérant pouvoir tirer parti de ses compétences commerciales, réinvestir ses bénéfices et développer sa petite entreprise. Mais faute d’une formation et de ressources suffisantes, il a immédiatement eu du mal à joindre les deux bouts. Emmanuel a alors entendu parler du programme d’écoles pratiques d’agriculture et d’apprentissage de la vie pour les jeunes mené par la FAO dans sa zone.

Doter les jeunes des compétences dont ils ont besoin

Les programmes d’écoles pratiques d’agriculture et d’apprentissage de la vie pour les jeunes, conduits par la FAO, offrent une formation agricole et entrepreneuriale aux jeunes résidant en milieu rural. Ces programmes ont été mis en œuvre dans de nombreux pays autour du monde, pour donner aux personnes jeunes et vulnérables des compétences agricoles techniques et commerciales, notamment dans les situations de crise et les contextes d’après-conflit.

Emmanuel a découvert le programme après avoir discuté avec un coordonnateur de la FAO chargé des activités visant les jeunes, qui l’a invité à participer à la formation. Il a fait partie du premier groupe de jeunes Centrafricains à suivre la formation, organisée à Boali, à 95 km de Bangui.

«La formation m’a permis d’améliorer ma connaissance du maraîchage et de l’élevage», explique Emmanuel. «Maintenant, je limite les pertes de production et, en plus, j’optimise les bénéfices.»

              

Le tournant

Emmanuel fait partie d’un groupe de jeunes entrepreneurs agricoles. Ils ont appelé leur groupe «E MAÏ», qui évoque le développement en langue Sango, parce que leur objectif est de se développer eux-mêmes et de développer leur communauté grâce à leurs activités. Avant la formation, le groupe ne disposait ni du savoir-faire technique nécessaire ni d’outils en nombre suffisant – il n’y avait guère qu’un outil pour trois personnes.

Après la formation, Emmanuel est rentré à Bangui et a commencé avec les autres membres de E MAÏ à mettre en pratique ce qu’il avait appris. Il a appliqué les nouvelles techniques au petit élevage et au maraîchage, notamment l’emploi correct des engrais, le choix des semences et l’établissement de calendriers de semis et de récolte. Aujourd’hui, E MAÏ produit de l’amarante, du chou, des tomates, des épinards et d’autres légumes verts qui sont vendus à la communauté locale. Les membres se partagent les bénéfices et en mettent une partie de côté pour la réinvestir.

«Nous avons commencé avec 14 planches de pépinière de 10 mètres chacune et, avec l’aide de la FAO, nous sommes passés à 15 planches plus importantes. Aujourd’hui, nous sommes en train d’aménager 50 planches de pépinière de 20 mètres parce que nous avons acquis du terrain supplémentaire à côté de notre premier site», explique Emmanuel avec fierté.

Emmanuel a été récemment élu président par les autres membres du groupe et il enseigne désormais ce qu’il a appris à d’autres membres de la communauté.

Des experts de l’agriculture locale

Emmanuel et les membres de E MAÏ sont désormais les personnes que les membres de leur communauté viennent consulter pour se renseigner sur les techniques améliorées de petite agriculture.

«Les gens viennent nous demander des avis et des conseils que nous leur donnons volontiers. C’est notre contribution aux progrès de la communauté», déclare Emmanuel. «Quelques jeunes des environs de notre site de maraîchage se sont joints au groupe pour apprendre. Nous voulons vraiment innover et ouvrir de nouvelles perspectives aux jeunes.»

Aujourd’hui, E MAÏ est prospère. Ses membres se nourrissent de ce qu’ils produisent, et pourvoient financièrement à leurs besoins grâce aux bénéfices dégagés des ventes de leurs produits. Ils envisagent désormais de réinvestir les bénéfices et de se diversifier en utilisant diverses techniques de conservation, comme la mise en boîte de certains produits ou la confection de purée de tomates, pour réduire les pertes après récolte et s’assurer un revenu plus stable pendant toute l’année. Fort des nouvelles compétences qu’il a acquises, Emmanuel est même devenu, avec 24 de ses pairs, un animateur dans le dispositif des écoles pratiques d’agriculture et d’apprentissage de la vie pour les jeunes.

«Très franchement, je me suis lancé dans l’agriculture pour me dépanner jusqu’à ce que je trouve le travail que je souhaitais. Après la formation d’animateur, j’ai compris que je pouvais en vivre. J’aime ce que je fais et je vais continuer à exercer ce métier pour me bâtir un avenir et assurer celui de ma famille» déclare Emmanuel.

L’agriculture novatrice peut offrir un emploi rentable aux jeunes ruraux, apporter la sécurité alimentaire aux communautés et contribuer à la construction d’un monde libéré de la faim.

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