Toutes les collaborations nécessitent-elles un financement ?

Toutes les collaborations nécessitent-elles un financement ?

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Au cours du mois de juillet, Radios Rurales Internationales facilite une discussion en ligne pour YenKasa Afrique, sous le thème de la collaboration pour des services de communication rurale efficaces. Cette discussion rassemble les médias – y compris les radios partenaires des Radios Rurales – et les organisations de la société civile. La discussion se déroule en ligne, via WhatsApp, dans un groupe pour les participants anglophones et un groupe pour les participants francophones. Voici un résumé de la discussion francophone.

Dans la quatrième et dernière semaine de la discussion du 24 au 28 juillet, les participants ont discuté de la durabilité de la collaboration avec un accent sur la nécessité ou le rôle du financement de la collaboration. Il se dégage de ces échanges que toute bonne collaboration allié au respect de la déontologie professionnelle constitue un atout. Les productions quotidiennes et la qualité qui s’y transparait, sont des ondes positives qui attirent le financement, pour des collaborations qui ne peuvent durer qu’à condition de formaliser une entente préalable et œuvrer ensemble dans le respect des clauses de cette entente.

Sur la necessité du financement, les réponses ont été positives pour les uns et negatives pour les autres parce que tout dépend des clauses que les deux parties s’assignent au départ. La nécessité de financement dépend de la nature de la collaboration. En effet, certaines collaborations peuvent nécessiter un financement, notamment lorsque des parties prenantes (des ONG ou des associations) souhaitent mener des projets avec volet communication budgétisé. Les stations de radio ont souvent besoin de fonds pour faire face à divers frais de fonctionnement. Ainsi, ils considèrent ces collaborations comme des opportunités pour générer des revenus. Dans ce cas, la collaboration nécessite effectivement un financement. Lorsqu’il s’agit des collaborations soutenues par les bailleurs de fonds, du Gouvernement ou par une collectivité locale, dont la mise en exécution porte des exigences précises, alors les finances doivent impérativement être dégagées pour couvrir diverses dépenses.

Le financement n’est pas necessaire s’il s’agit par exemple d’échange d’émissions entre radiodiffuseurs.euses. Ce type de collaboration aide les différentes radios rurales ou communautaires à rendre flexible leur leur grille de programmes avec des émissions coproduites, bénéfiques aux auditrices.eurs. Souvent les radiodiffuseurs.seuses sollicitent des collaborations pour rendre leurs émissions attractives et dans ce cas, ils ne peuvent pas demander de financement, car attendre des collaborations avec financement laisse des grilles de programmes vides de contenu attrayant.

La discussion a revélé que la collaboration peut ne pas nécessiter un financement au départ, mais créer ou déboucher sur des opportunités de financement qui permettent à la radio de couvrir ses charges de fonctionnement (électricité, loyer, internet, entretien des équippements, rémunération du personnel etc). En tout état de cause, lorsque les moyens financiers accompagnent une collaboration, les gens sont plus motivés et plus disponibles. Toutesfois, il y a des exceptions où il suffit pour certains de voir l’intérêt commun pour collaborer facilement sans aucune exigence.

La vie de la radio repose en grande partie sur l’implication des communautés environnantes. Ces communautés ont besoin de la radio pour s’exprimer et la radio a besoin de la communauté pour enrichir son contenu. La radio veut des moyens pour exister certes, mais pas sur le dos des communautés. La collaboration qui existe alors entre elles, est mutuellement bénéfique et ne nécessite donc pas forcément de financement, parce que la radio et la communauté sont interdépendantes.

Il est ressorti des échanges que la prise en charge des  parties prenantes s’impose dès lors que le radiodiffuseur  dans le cadre de l’exécution d’un projet perçoit un financement. De même une partie prenante qui porte un projet remuneré et émet le vœu de communiquer, ce qui équivaut à une production commandée, doit contribuer financièrement pour la production et la diffusion.

La discussion s’est achevée par la réflexion sur les conditions de durabilité d’une collaboration entre les radiodiffuseurs.seuses et les parties prenantes. Pour y parvenir, les participants se sont entendus sur les points suivants :

  • Il est nécessaire que la collaboration soit l’objet d’un protocole signé entre les parties concernées. Ce protocole définit les clauses de la collaboration et c’est la communauté qui gagne au regard de la qualité des productions qui s’y dégagent ;
  • Les concernés doivent se faire mutuellement confiance, se dire la vérité, respecter les clauses de la convention, s’accompagner, communiquer de manière transparente, miser sur le partage de connaissance et l’intelligence collectif ;
  • Elle doit être basée sur la confiance entre les deux parties, le respect les clauses du contrat écrit ou verbal, le don de soi, placer l’auditeur au centre de l’activité et nourrir la volonté de faire avancer les choses avec professionalisme ;
  • La durabilité dépend de la confiance mutuelle, la franchise, le respect du plan d’action, des concertations régulières et la promptitude dans la transmission des rapports.
  • Il faut encourager la mise en place d’un cadre d’échange périodique en vue de faire le point de l’évolution de la collaboration en lien avec les engagements tenus et capitaliser sur les expériences. Un tel cadre vous donnera l’occasion de vous adresser à des responsables de la structure, qui le plus souvent n’interviennent pas au niveau opérationnel ;
  • La durabilité de la collaboration dépend aussi de la communication entre les deux parties. En fait, la façon dont les deux parties communiquent entre elles peut entraîner la pérennité de la collaboration ou son déclin.